Domaine de Rivals, Aude - « Ma dernière plantation de vigne est protégée par des ombrières »

Il y a 1 année 604

En partenariat avec Ombrea et TotalEnergies, Jean-Philippe Rives a installé, sur une petite parcelle de 1 500 m², des ombrières solaires dynamiques. Il profite de ce dispositif expérimental pour tester un nouvel itinéraire de production à haut potentiel de rendement.

Six rangées d’ombrières photovoltaïques ont pris place cet automne sur le domaine de Rivals dans l’Aude. Dessous, six rangs de vigne et trois rangs de grenadier. Juste à côté, une parcelle identique, mais totalement exposée aux éléments. Ces deux fois 1 500 m² de cultures sont des démonstrateurs, qui seront suivis pendant plusieurs années par l’IFV. Mais Jean-Philippe Rives, le vigneron propriétaire des jeunes vignes plantées en 2022, est confiant : « La technologie est récente, mais je compte profiter de ce dispositif pionnier pour tester de nouvelles voix de production. La vigne, du merlot équipé de goutte-à-goutte, sera palissée en double cordon sur 4 étages de production. Je vise un rendement de 200 hl/ha. Et les pieds devraient être recépés au bout de 15-20 ans. Le changement climatique va modifier le paysage des cultures languedociennes. Il faut voir plus loin que la vigne. La grenade est une piste de diversification qui se construit avec d’autres producteurs locaux. »

La vigne avant l’énergie

Cultures et panneaux cohabitent, « mais la priorité est donnée à la production agricole, précise Christian Davico, cofondateur d’Ombrea, l’entreprise en charge de piloter le déploiement des ombrières photovoltaïques. La couverture conférée par le dispositif créé une protection et écrête les extrêmes climatiques que peut subir la vigne, avec en premier lieu la sécheresse et la canicule. Nos références acquises depuis 2017 montrent que les besoins en eau, pour un même objectif de production et de qualité, sont inférieurs de 30 % pour les plants protégés par les ombrières. Les panneaux réduisent aussi la température au sol et au niveau du feuillage, bien que le taux d’ombrage varie entre 8 et 30 % selon l’heure et le niveau d’ouverture des ombrières. Il est aussi envisageable d’équiper la structure de filets paragrêle ».

Pour piloter à distance et automatiquement les ombrières et améliorer les algorithmes de décision, Ombrea compte sur les capteurs installés sur place (anémomètres, tensiomètres, hygromètres…) et sur les données physiologiques qui seront remontées par l’IFV et Jean-Philippe Rives. « Ces données météorologiques collectées sont en libre accès pour Jean-Philippe. Il pourra, entre autres, s’en servir pour piloter les besoins en eau des cultures », ajoute Christian Davico.

L’électricité est revendue par Total

Déployés, les panneaux coulissants génèrent de l’électricité revendue à EDF par le troisième partenaire du projet : Total Energies. Le groupe est aussi copropriétaire avec Ombrea de l’équipement. Il verse un loyer au viticulteur qui met à disposition une partie de ses terres et s’engage à garder la parcelle couverte en culture pendant trente ans. « L’investissement est de 2 à 3 millions pour un hectare équipé. D'autres projets devraient bientôt émerger en Occitanie à la demande de producteurs. Confrontés aux conséquences du réchauffement climatique qui mettent à mal leurs productions, des agriculteurs envisagent la protection par les ombrières comme une solution pour maintenir leurs activités historiques avec une rentabilité améliorée ou pour se diversifier », conclut Nicolas Ferras, responsable du pôle agricole pour Total Energies renouvelables France.

Lire la Suite de l'Article